LE STYLE DIRECTOIRE

Comme nous l’avons déjà signalé, le style directoire couvre une période beaucoup plus large que cette période. Il sera le style de jeu le plus répandu au 18ième siècle, car il était un des moins cher à produire, car ne comprenant pas de pièce sculptée. C’est pourquoi il fut le type de jeu que l’on trouvait principalement dans les cafés et clubs d’échecs.

Il comporte de nombreux points communs avec les jeux de style régence, car ils étaient produits dans les mêmes tabletteries, mais pour des clientèles différentes. Il est relativement facile a caractériser d’abord par l’absence de cheval pour figurer le cavalier. Les autres signes distinctifs sont la couronne du roi, la forme cylindrique et arrondie du sommet du cavalier, la partie haute de la reine, du fou et du pion qui sont identiques et finissent par un appendice sphérique. Enfin les tours sont montées sur un pied. Son inconvénient majeur était, bien sûr, la confusion entre les différentes pièces. C’est pourquoi les cercles supérieurs du cavalier et du fou étaient souvent coupés de façon à pouvoir les distinguer plus aisément. Cela explique également pourquoi le style « Régence », pourtant plus cher à produire et contemporain pendant quelques années le supplantera. A la fin du siècle ce style disparaîtra totalement. On peut, de façon quasi certaine dire que tout les jeux qui ont ces caractéristiques sont du 18ième siècle. Les jeux Directoire ont été produit des environs de 1715 jusqu’à la fin du siècle. Il est assez difficile de les dater à l’intérieur du siècle, sauf pour les jeux de la période révolutionnaire, où les rois perdront leur couronne à l’instar de Louis XVI. Il faut dire que pendant la période dite de la terreur il valait mieux ne pas produire ou utiliser tout ce qui évoquait l’ancien régime sous peine de sérieux ennui pouvant aller de l’embastillement jusqu’à la guillotine.

Pour les situer à l’intérieur du 18ième siècle on peut utiliser les mêmes éléments que pour les jeux régences et en particulier les tours qui évolueront de la base Médicis à la forme sur pied.
Comme nous l’avons signalé précédemment, les confusions entre les pions, les fous et les cavaliers étaient fréquentes et ont conduit les joueurs et les producteurs de jeux à trouver des moyens de les différencier. Voici quelques-unes des variation sur le thèmes de la différenciation des pièces, qui parfois peuvent se cumuler:

La mode du jeu d’échecs au 18ième siècle est d’abord le fait des élites parisiennes et les jeux proviennent principalement des tabletteries de la région ce que confirme le choix des matériaux tels que le buis. Pourtant la présence de jeu en bois d’arbre fruitier laisse à penser que les tabletteries lyonnaises ont également produit des jeux de style « Directoire ».
La période de production du style « Directoire » est assez courte, puisqu’elle démarre après le règne de Louis XIV et se termine, à quelques exceptions près, à la révolution. Sur cette période le style évoluera peu et seule les tours et les pions varieront, plus en fonction de la tabletterie qui les produits qu’en fonction de la période. Ce qui est intéressant à noter c’est que la confusion entre les pièces, qui était la principale faiblesse du style, perdure encore aujourd’hui chez les collectionneurs et « experts ». En effet dans les différentes photos que j’ai trouvées il y a interversion entre le cavalier et le fou. Pour les français, il ne peut y avoir confusion car dans tous les jeux de style français, Régence ou Directoire, le fou a toujours la même terminaison que le pion.

Ce que l’on peu dire du style Directoire, c’est qu’il n’est justifié que par son faible prix de revient, et la rapidité à le produire? Quand la mode du jeu d’échecs s’est répandue dans les cafés parisiens, les producteurs ont du faire face à une très importante demande et ont paré au plus pressé. Ils ont utilisé les rares jeux existant alors dans les cafés, de style « Procope » (que nous verrons un peu plus loin) comme base pour leur production.
Vers la fin des jeux « Directoire » ceux-ci se rapprochent de plus en plus du style « Régence » avant d’être cannibalisé par celui-ci.
Certains jeux particuliers peuvent se rattacher à ce style tel le jeu représenté dans l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, dont les caractéristiques sont proches du Directoire si ce n’est le corps cannelé et les tours au dessin particulier.